Prise en charge des traumatismes psychiques: des violences à la résilience

Qu’est-ce qu’un psychotrauma ?

Le terme psychotrauma est, dans le langage courant, un mot fourre-tout avec lequel nous essayons tant bien que mal de définir les expériences difficiles que nous avons traversées dans la vie. Cet abus de langage est à la fois un moyen judicieux de se réapproprier son histoire, pour tenter de s’en échapper, et paradoxalement c’est également un moyen de nous y cristalliser.

Dans la littérature scientifique, les événements traumatiques sont circonscrits à une liste d’événements très précis, qui sont susceptibles, plus tard, de déclencher ce qu’on appelle un trouble de stress post-traumatique (TSPT ou PTSD).

Ils sont caractérisés par leur intensité et le degré de dépassement émotionnel qu’ils engendrent chez la personne qui en est témoin et/ou victime. Ils surviennent de manière inhabituelle et représentent alors une rupture brutale avec les événements de la vie quotidienne. Souvent, ils sont associés à l’exposition à un danger intense et/ou à un danger de mort imminente et/ou à la mort elle-même (i.e., agression, accident de la route, attentats, catastrophes naturelles…etc.)

Pour autant, il existe bien d’autres types d’événements, qui eux aussi sont susceptibles de nous désorganiser et d’avoir des répercussions sur notre fonctionnement au quotidien (ruptures, séparations, violences verbales et psychiques, violences éducatives ordinaires…etc). Nous qualifions préférentiellement ces expériences d’adversités ou d’expériences adverses.

Cette distinction entre trauma et adversité est nécessaire, bien qu’elle n’enlève strictement rien aux souffrances que ces expériences engendrent. Elle est nécessaire car les répercussion d’un événement traumatique (particulièrement en cas de PTSD) seront beaucoup plus massives et bruyantes (cauchemars, flash, pensées intrusives, sentiments de colère/tristesse persistant, attaques de paniques, trouble anxieux, modification du sommeil, modification significative des comportements, comportements d’évitements…etc.) que celles des événements adverses, qui seront plus larvées et plus sourdes (altération progressive de l’humeur et de la régulation émotionnelle, difficultés relationnelles à répétitions, sentiment d’insécurité relationnelle persistante, installation progressive d’une faible estime de soi, faible sentiment d’auto-efficacité, addictions, conduites à risques…etc.).

Pourquoi traiter les traumatismes et les adversités ?

Qu’il soit question des traumas ou des adversités, nous sommes toustes susceptibles de les avoir vécues tout au long de notre vie, tant dans l’enfance qu’à l’âge adulte. Ainsi l’âge auquel nous avons dû dépasser un événement traumatique/adverse est plus ou moins susceptible de majorer ses répercussions avec le temps.

Plus nous les avons traversées jeunes, plus nous sommes susceptibles d’être impactés durablement à l’âge adulte. C’est pour cela qu’il est important de considérer ces expériences au cours d’une psychothérapies et de ne pas les banaliser, mais de les reconnaître pour ce qu’elles sont: quelque chose que nous n’aurions jamais dû vivre…

Il est également très précieux de comprendre qu’outre les répercussions dans le quotidiens, ce sont aussi plusieurs systèmes neurobiologiques qui seront impactés et sculptés par les psychotraumas et les adversités. C’est ce qui explique notamment le sentiment de détresse persistant après un accident de voiture ou un attentat. C’est aussi ce qui explique les impulsions émotionnelles (crise de colère, crises de larmes, attaques de panique…etc.) et relationnelles (isolement, rejet des proches, évitement des contextes sociaux…etc.) que l’on observe dans chez les personnes, victimes ou témoin d’une expérience adverse/traumatique…

C’est au long cours que ces altérations seront susceptibles, sans l’aide d’un.e.x professionnel.le.x, de favoriser le développements de difficultés plus envahissantes encore.

Quelles psychothérapies pour faire face aux traumatismes ?

Parmi toutes les approches qu’il existe en psychothérapie, celle que Queer and Care propose et défend s’inscrit dans un mouvement intégratif. Elle consiste donc sur la base d’un référentiel stable, à intégrer les éléments et méthodes de plusieurs champs, tels que la TCC, l’EMDR, la thérapie ACT/mindfulness ou encore la thérapie des schémas. Ainsi, la psychotraumatologie centrée compétence (développée par H. Dellucci, Y. Dolan et al.) propose, en outre, de traiter les événements traumatiques, de valoriser, renforcer et stabiliser durablement les ressources et les compétences des personnes. Aujourd’hui, les patient·e·x·s ne sont plus des victimes, mais des survivant.e.x.s d’événements qui n’auraient jamais dû se produire; des héro·ïne·x·s ayant traversé parfois l’impensable et l’intolérable.